Me voilà de retour de la Vallée des Eléphants. Cet endroit magnifique où l'on essaie de soigner des éléphants malades ou le plus souvent âgés et ayant droit à une retraite méritée! Ce projet a été mis en place en 2005. Au départ, une association E.L.I.E (Elephant Livelihood Initiative Environment). et officiellement reconnue en 2006 par le gouvernement cambodgien après de longues négociations.
Je ne sais trop si Jack Highwood est à l'origine de cette association, mais il a et est toujours très actif pour le sauvetage des éléphants.
Comme nous l'a expliqué Jemma, une australienne qui actuellement "gère" la vallée, le but de l'association était d'abord d'améliorer la santé et le bien-être des éléphants domestiques, ensuite de travailler avec les personnes en relation avec les éléphants vivant dans la province du Mondulkiri.
Leur premier pas a été de fournir des soins médicaux aux éléphants et ensuite de former les locaux pour réduire la souffrance et la peine des éléphants qui travaillent.Tout cela n'était pas facile comme les bundongs, tribus animistes de la région, par tradition ne veulent aucune intervention vétérinaire sur leurs éléphants et ensuite ne laissent pas leurs éléphants se reproduire en captivité.
Par dessus le marché, comme nous le savons, la situation n'a pas été très facile ces dernières décennies à cause de la guerre au Viet Nam puis du régime des Khmers rouges... Les éléphants sauvages se sont enfuis en Thailane, Viet Nam et Laos... Et les éléphants domestiques ont souvent été torturés, voire tués! Regardez la cicatrice sur le flanc de cet éléphant, maintenant dans la Vallée, qui a été jeté dans le feu par les Khmers.
Et puis, il y a des éléphants que l'on a fait trop travailler... Autrefois, traditionnelement, l'éléphant aidait aux tâches de la ferme, environ 4 heures par jour... puis, il allait passer dans la forêt le reste de la journée. En effet, un éléphant doit avaler environ le dizième de son poids par jour, ce qui fait environ 300 kg.... et cela prend du temps. Il ne peut pas avaler cette quantité d'un coup! Hélas, sous la pression du tourisme, les bunongs attirés par le gain ont sur-utilisés leurs éléphants... On arriv donc à trouver des animaux mal nourris, etc.... En effet, les éléphants sont devenus très rentables... Les touristes... Hé oui, encore eux!
Bob, que vous voyez ici, le seul mâle des rescapés a travaillé toute sa vie aux champs... Mais à un moment donné, c'était trop, il ne pouvait plus! Il a été battu, etc... et il s'est montré agressif! C'était un mâle après tout! Lorsque l'association l'a récupéré il était enchaîné derrière la maison.
Onion, dont vous voyez l'arrière, elle non plus n'en pouvait plus de travailler... Mais pour la faire continuer, ils avaient fait une plaie ouverte sur son flanc, qu'ils titillaient pour la faire obéier.. mais un jour, elle n'a plus obéi à ces souffrances... C'est alors que l'association l'a récupérée.
Tous les éléphants n'étaient pas maltraités, certains même étaient choyés, les Bunongs ne sont pas des gens violents.. mais avec la déforestation qui va très vite, des compagnies françaises, mais surtout chinoises déforestent à qui mieux mieux pour faire des plantations de caoutchouc.... Et les Bunongs n'arrivent plus à amener leur éléphant à la forêt!
Maintenant, neuf éléphants mènent une retraite bien méritée à Mondulkiri. Leurs anciens mahouts ou cornacs, sont souvent avec eux, mais on leur a appris à mieux gérer leurs animaux et surtout à ne pas les frapper, ce qui il faut bien le dire semble inutile tant ils écoutent ce qu'on leur dit! Et puis, ils sont payés par l'association ce qui n'es pas pour déplaire à ses familles souvent si pauvres.!
J'ai passé presque trois jours merveilleux avec ces pachydermes. La moitié du temps, il y avait le travail volontaire. J'ai donc débroussé avec les autres des bananeraies, j'ai transporté des troncs de bananiers... pour faire un supplément alimentaire à Bob et Onion qui malgré tous les soins n'ont pas encore récupéré un poids normal et que l'on gâte avec des troncs de bananiers, qu'ils adorent.
Mais j'ai passé la moitié du temps à les regarder se baigner, j'ai même aidé à leur jeter des seaux d'eau, ce qu'ils adorent... je les ai longuement regardés se frotter contre le flancs des falaises et s'enduire la peau d' argiles de diverses couleurs... Parfois le maquillage valait la peine! Ils ont besoin de ces argiles pour protéger leurs peaux.... Et puis, j'ai beaucoup aimé marcher avec eux à travers les forêts alors qu'ils se nourrissaient!